J'suis à sec. J'ai plus de carburant... En tant que jolie plante, il me faut de l'engrais. Et mon engrais, c'est du pur. Hu hu... Parce qu'on peut difficilement trouver ça cool tous les jours de devoir pister des gens quand on a pas un petit remontant pour se motiver... Et se récompenser. Avant et après... Mais je varie ! Je fais quelques mélanges... Héroïne - Cocaïne - Canabis. Vodka - Canabis - Héroïne. Ou d'autres combines... Mais actuellement, celles qui me tentent, c'est celles-là. Et ça, je sais où le trouver... Chez ces mafieux de Spades. Oh, la Reine de Coeur doit déjà savoir que je passe du temps là-bas, pour me réapprovisionner... Cela dit, elle sait aussi que je tranche mieux quand j'y vois trouble. Donc, elle laisse courir. Ou alors elle l'ignore et voudra me trancher la tête... On verra... Mais oulah, je suis en train de délirer total moi... Penser aux conséquences de mes actes, la blague !... Il est temps que je trouve de quoi arrêter de penser...

Et le meilleur endroit, c'est ici. Les égouts. Il y a toujours des vendeurs tellement shootées qu'ils ne me reconnaissent pas. De plus, je peux porter ma cape pour me camoufler sans que ça ne choque personne. Ca me permet de ne pas être trop reconnaissable, mais bien sûr, ceux qui me connaissent un minimum peuvent me reconnaître... Baaah... M'en fous. Au pire quoi ? J'ai un bon sprint... Et puis, je suis effrayante quand j'ai pas ma dose... J'ai la gueule plus déconfite encore que d'habitude. Pâle (encore plus), voire verdâtre (avec la lumière), assoiffée... Assoiffée de tout, de sang, de came, de sexe, d'alcool, de rock'n'roll quoi !

Je longeai les murs. Oh, je ne les rasais pas... Je vous ai déjà dit que je suis bien plus effrayante à jeun que shootée à mort.

Les égouts. C'était franchement répugnant. Tu ne pouvais pas faire trois pas sans marcher dans quelque chose que tu ne veux pas voir. Et le Chat, malgré son esprit tordu, n'aimait pas marcher dans de la merde. Spécialement celle des humains. Bref, des égouts, ce sont des égouts, et leur tâche et de véhiculer les eaux souillées, alors, il ne fallait quand même pas s'attendre à de longues routes en marbre blanc sur lesquelles il serait un plaisir de cheminer. Pour ce qui est du Chat, justement, il était en train de remettre des infos à l'un des intermédiaires de ce mafioso de Chenille, près du marché noir.

-Donne ça à la Chenille. Dit Jack en déposant un papier enroulé, scellé avec un ruban de son sceau dans la cire.
-Pas de problème, déclara l'homme masqué. Merci, le Chat.
-Y'a pas de quoi.

Il alla tourner les talons quand l'homme lui tendit quelque chose. Un petit sac remplit de cocaine. Il n'arrivait pas à y croire. En revendant ce sac, un pauvre mec pourrait s'acheter une maison! Et lui, il l'avait gratuitement, simplement pour quelques informations mineures. Et vu l'écriture qui se trouvait sur le sac, il s'agissait de la réserve personnelle de la Chenille. Il soupira. "Au moins, si j'ai envie d'être inutile, j'aurai de quoi m'occuper." Il fit un signe à l'intermédiaire pour lui dire au revoir et s'éloigna dans les égouts. Les espions de la Reine trainaient un peu partout dans l'espoir de trouver la cachette des Spades et s'ils se faisaient chopper, il manquerait affreusement d'excitation dans sa vie. Être un informateur est quelque chose d'amusant en soi, mais c'est surtout le danger qui accompagne cette position qui faisait vibrer le Chat. Celui-ci arpenta les égouts en marchant lentement, loin d'être pressé, en direction de l'un des nombreux points de sortie (bah oui, c'est des égouts, hein). En tournant quelques intersections, son sang se figea alors qu'il découvrit la silhouette d'une personne qu'il ne s'attendait pas du tout voir dans ces lieux de contrebande (okay, peut-être un peu vu son niveau de toxicomanie). Il dévisagea longuement la tristement connue Thorn. "Par tous les dieux, elle n'est quand même pas ici parce qu'elle me suivait! Il ne manquerait plus que cela!" s'alarma-t-il en s'approchant de la jeune femme, cachant prestement la drogue dans sa poche arrière avant qu'elle ne l'aperçoive... ou peut-être qu'elle ne s'en est rendue compte...

-Qu'est-ce que faites-vous ici, Thorn?

Lui. J'avais tout sauf envie de voir sa gueule à jeun moi... Pouf, mais pourquoi il vient me voir exactement ? C'était débile (il devait être raide ce con), parfaitement débile... À moins qu'il ne compte sur le fait que je sois à jeun pour que je le loupe en attaquant... Ce qui était justifié, mais bizarre. Après tout, la Reine ne l'aimait pas, la Reine le surveillait, et la Reine l'avait probablement classé dans le registre de ceux que je devrais tuer si je venais à les croiser... J'vais jamais regarder ce dossier de toute façon, alors bon... Quoi qu'il en soit, j'ai le droit à 2% de pertes, donc on va dire qu'il en fait partie hein !

Je l'ai regardé s'approcher en cachant un truc dans sa poche. Soit... Document secret ? Oh, la flemme de chercher... De toute façon quand je l'aurais dézingué, j'aurais oublié l'existence de ce paquet. J'ai donc reporté mon attention sur lui. Il m'a parlé.. Ca m'a paru bizarre ce qu'il a dit, mais après, j'étais complètement hors service mentalement (mon mal de crâne de gueule de bois me vrillait la tête et m'empêchait de penser...), donc j'aurais pu mal entendre... Encore que je doute franchement d'être aussi mal en point pour une petite overdose inverse...

- Qu'est-ce que faites-vous ici, Thorn?

À ton avis ? Tiens, tac au tac :

- J'fais du tourisme, la vue est très belle ici...

Insolente ? Ouais, mais de t'façon j'allais le buter, donc je m'en foutais franchement... J'ai recule jusqu'au mur et ai posé une épaule contre... Ca pouvait passer pour une position assurée, visant à le déstabiliser (encore que même si j'avais voulu, je n'aurais pas réussi de cette façon), mais en fait c'était surtout pour me tenir... Mes jambes tremblaient parfois...

Tout aussi discrètement que lui, je passais un bras derrière mon dos pour sortir mon couteau à cran d'arrêt. Infiniment affutée la lame trancherait tout - peau facilement, muscles et tendons en forçant un peu - à ma guise. Ce n'était pas l'arme que je préférais, mais j'étais équipée léger pour une fois, et je voulais faire ça discrètement, histoire de pouvoir faire mes emplettes après. Je ne voulais pas avoir à fuir, et ne pas avoir mes doses quotidiennes pour les mois suivants... Enfin... Les doses pour les mois à venir, que je consommerais en quelques jours...

La vie était tellement plus belle avec un voile de drogue sur le regard... La vie dans le Murderland était pour moi un jeu de société, mais alors la vie au Murderland avec trois grammes de sang par litre d'héroïne dans les veines était comme être à l'intérieur du jeu de société même. Le pied, l'extase,un orgasme quotidien... Sauf aujourd'hui... Et puis les jours où je me plains.

Petit récapitulatif de ma posture :
J'avais donc un bras le long du mur, avec le couteau à cran d'arrêt dans la main, caché par mon corps... Enfin caché... Il aurait fallu qu'il se penche totalement pour le voir, mais ça n'était pas impossible. Mon autre bras était aussi le long de mon corps, mais visible. Je le regardais dans les yeux, mais mon capuchon devait l'empêcher de voir les miens... J'en savais trop rien d'ailleurs... Je n'avais pas tiqué sur le fait qu'il m'ait reconnue parce que je n'avais pas tout écouté / compris...

- J'ignorais que vous consommiez les mêmes produits que moi...

Ai-je dit pour "lancer" la conversation, attendant d'avoir une prise pour l'attraper par les cheveux et l'égorger sauvagement.

Thorn S. Jowl. L'As de Coeur de la Reine. Non seulement elle était plus haute dans la hiérarchie, mais ses capacités physiques surpassaient nettement celles de Jack. Les siennes n'étaient pas négligeables, mais il ne croyait pas être capable de gérer une telle personne. La drogue bien en poche et ses armes à ses côtés, il ne se sentait pas très en sûreté pour autant. Il fit un petit pas vers l'arrière en la voyant s'approcher mais il afficha un sourire poli. Ne montre jamais ta peur à quelqu'un qui t'effraie, sinon, il peut te dicter tes mouvements sans même que tu t'en rendes compte. À ce qu'il savait de cette fille, elle était réputée pour être particulièrement efficace au niveau des assassinats, qu'elle était droguée presque 24 heures sur 24 et tous les jours de la semaine.

-Je ne consomme qu'une fois de temps en temps pour oublier que ma vie est régulièrement à risques, répondit-il d'une voix étonnamment, même pour lui, calme. Comment va son Altesse? Elle recherche toujours la blondinette?

Ah, Alice. Elle reviendra toujours dans les discussions qui portent sur son Altesse Royale la Reine de Coeur, la plus sans-coeur de ce peuple qui arbore fièrement le signe d'amour alors qu'ils le massacrent sans peine. Parfois, on se demandait vraiment si Sa Majesté n'avait pas oublié qu'outre cette gamine, elle avait d'autres problèmes plus urgents à régler. Comme les gardes qui passent l'éponge sur les crimes, les assassins qui s'infiltrent sans problème dans sa demeure et les Spades qui se promènent impunément sous ses yeux. Il fallait vraiment qu'elle n'aie rien à foutre de sa peau ou de celle de son peuple, et celui-ci ne se rebellait même pas (probablement parce qu'ils avaient peur, mais ca, c'est une raison parmi tant d'autres. Comme on dit, chien mordeur ne mord pas la main qui nourrit).

Jack continua de dévisager sa collègue, les mains enfournées nerveusement dans ses fausses poches, tâtant amoureusement les couteaux qui y étaient dissimulées, car il se pourrait qu'il ne les revoit plus d'ici quelques jours après les avoir lui-même planté dans le corps de cette femme.

-T'as l'air franchement mal en point, remarqua-t-il.

Non, sans blague? T'as une meurtrière habituellement droguée avec une dose si forte de divers mélanges chimiques et qui arrive à tenir debout, et tu croises cette même tueuse avec les jambes tremblotantes et une difficulté loin d'être subtile à tenir debout. En fait, il suffirait de passer à côté d'elle et de la pousser pour qu'elle tombe sur le sol. Mais non, il n'était pas mesquin au point de faire chier quelqu'un de cette manière. Ou peut-être l'était-il? Attendez... non, c'était un mardi, et il ne faisait pas chier, les Mardi. Il sortait tout juste du Lundi et il n'avait pas envie de rigoler. Il sortit alors de sa poche la drogue qu'il avait voulu cacher. Dominant son impression de danger imminent, il s'approcha de Thorn et laissa la pochette tomber dans la main de la Drog Addict, une main cachée dans sa poche et prêt à se défendre au cas où elle décide de s'attaquer. Elle avait beau être plus habile et forte que lui, il restait qu'il avait des réflexes habituellement réservés aux créatures dotée de l'instinct de survie.

-Refais-toi une santé, lança-t-il. Tu fais peur quand tu tires cette tête.

Et ce n'était pas peu dire. Une camée pas de came est une camée qui ne pense pas à grand chose d'autre que la came... voire qui a des pulsions agressives incontrôlables en espérant trouver de la came sur le corps de celui qu'elle aura massacré. Et puis, le monde des merveilles, c'est comme être sur les "champignons magiques" à longueur de journée. Il est donc difficile de garder une certaine cohérence pour les humains dans le genre de notre jeune amie.

Si j'avais été sur un autre forum, probablement que dans mon état actuel j'aurais eu "Graëchen Doe" comme pseudo. J'en étais à compter les erreurs de ce sale matou abandonné... Une - parler d'Alice. À force de la "chercher" de la "traquer" et de faire des plans de plus en plus foireux pour la chopper, j'en étais venue à la haïr. Ce n'était plus la Reine qui voulait sa peau, mais moi... Probablement que les quantités non négligeables d'hallucinations que j'avais au sujet de "la blondinette" (comme il disait lui) y étaient pour quelque chose...

* concernant les hallucinations de Sinéad :
À force de ne pas la trouver, elle a commencé, parfois, à voir Alice se foutre de sa gueule en rêve... En rêve toujours, elle se précipitait pour lui faire la peau, en colère, et la blondinette lui échappait... Au réveil, la déception de n'avoir rien attrapé de réel, et la colère du rêve étaient toujours là... D'où la haine (quasiment une allergie) que Sinéad porte à Alice.

Donc déjà qu'il me parler à MOI de cette saloperie de hippie à jeun, ça m'a bien gonflé. Mais en plus ce crétin de chat (c'est le cas de le dire) il venait vers moi... Il m'a donné un petit sac. Je l'aurais reconnu entre mille... C'était exactement ce que j'étais venue chercher. ("Ca ressemble à un pot de vin ça non ?" ai-je songé une seconde.) Bon, en quantité moindre... C'est probablement ça qui m'a retenue...

Proche de moi, il m'a confié la bourse (ou la vie ?). Je l'ai ramassée, soupesée en même temps que je la rangeais dans une poche. Il a reculé, bien entendu... Au moment où je l'ai choppé pour l'égorger... Tant pis si je devais fuir les Spades, j'avais au moins une dose pour deux jours, je n'aurais qu'à revenir plus tard, mieux déguisée. J'ai posé la lame de mon couteau à cran d'arrêt sur sa gorge... Pris en otage. Mon absence de poitrine plaquée contre son dos. Ma main droite piégée dans la mer de cheveux qui couvraient son absence de cervelle. Ma main gauche autour de son cou, lame posée (juste posée) sur sa gorge...

S'il ne m'avait pas filé la came, j'aurais tranché directement... Mais là, j'attendais.

- Oh le vilain chaton a décidé de faire de l'esprit...

Ai-je dit avec une voix presque enjouée... Une voix rauque, sèche, amère... Le pauvre n'avait pas besoin d'entendre des sarcasmes poussés, après tout il devait déjà avoir la tête qui tournait à cause de l'odeur... Les relents de vieil alcool de mon haleine...

- À ton avis, combien vaut ta vie ?

Je parlais en "informations". À voir si il captait.

Eh bah voilà, il fallait que le grand cœur d'un matou le pousse à tomber dans un piège aussi ridicule. Voilà qu'il se faisait chopper par le plus vieux truc du monde; madame en détresse qui cache un couteau. Non mais vraiment, il fallait être soit très con soit très bête pour ne pas voir un piege aussi ridicule venir de loin. Pourtant, il y avait bien des décennies depuis la dernière fois où quelqu'un a réussi à mettre un couteau sur la gorge de notre vieux Jacky. Comment pouvait-il s'être fait choppé aussi facilement? Cela le dépassait, et dépassait également l'auteur, qui est en train de se tuer à force de rire comme un imbécile de cette surprenante situation. Jack garde toujours sa main dans sa poche, posée sur la garde de son poignard à lame recourbée. Il suffirait simplement de pousser un peu pour que son support serve d'axe pour orienter la pointe de son arme vers le bide de la jeune femme et l'éventrer avant qu'elle n,aie le réflexe de le tuer.

-Bon, okay, du calme, ma belle. On ne fait pas de bêtise et on évite de tuer le chaton, d'accord?

Pitiéééé! J'ai un arbre, une femelle et deux portées! Ca serait ce qu'il aurait dit s'il ne sentait pas déjà la lame contre sa gorge, prête à lui faire un splendide deuxième sourire. Haha, imaginez, déjà, il y a son premier sourire qui ne disparait pas tout de suite et... quoi? Vous vous en foutez? Bon bah ca va, si on ne peut plus faire des blagues, on continue l'histoire. Elle voulait des infos, cette petite merdeuse? Eh bien, voilà un tuyau qui devrait la satisfaire amplement.

-Écoute. Tout ce que je peux te dire, c'est qu'il y a une des réserves personnelles de la Chenille qui n'est actuellement pas surveillée, faute d'hommes de confiance. Tu pourrais t'y procurer ce que tu veux. Cocaine, cannabis, opium, n'importe quoi. Alors, ne me bute pas, et on va chercher tout ce pactole, et tout sera à toi, d'accord? Qu'est-ce que t'en dit?

Oui, le Chat est un lâche, mais hé, il tient à sa peau, le bougre. Et cette gamine n'allait pas se satisfaire de quelques grammes, et cela se voyait. Non contente de son petit paquet de cocaïne qui ferait frémir de bonheur le second des pires camés (après elle) du monde, si elle touchait sa quantité annuelle de came dans une seule journée, peut-être qu'elle lui laisserait le temps de foutre le camp... ou alors il la dénoncerait aux mafiosos des égouts pour avoir droit à un bon pactole... et pas de la drogue, cette fois. La drogue dans le Wonderland, c'est comme les diamants de conflit; on s'en procure facilement, mais on oublie le nombre de gens qui bouffent des plantes par la racine à cause de son existence. Déjà, le pavot était facile à obtenir, puisqu'il poussait n'importe où, et le reste... bah, on en avait pas besoin, c'était le Wonderland. Qu'est-ce qu'il y a de plus fantastiques que le Monde des Merveilles, qui te donne déjà l'impression d'être parfaitement gelé?

Le poignard du Chat était en position, prêt à tuer cette sale mioche, mais s'il pouvait éviter de faire couler le sang, il n'allait pas hésiter à le rebaisser. Il n'aimait pas tuer, mais tuer une adolescente, c'était encore pire pour lui. Bordel, elle avait le cerveau en compote à cause de sa "dose" manquante, ses facultés cérébrales étaient en déficit constant lorsqu'elle n'avait pas consommé, alors, la tuer, ce serait presque inutile; elle mourrait bien assez tôt sans qu'il ne lui donne un coup de main!

Ce que j'en disais ? J'en disais qu'il me prenait pour une conne. Je ne tucherais pas aux réserves de la Chenille pour la bonne raison que la chenille n'avait aucun entrepôt. (Hé oui, c'est l'admin qui décide, et l'admin a décidé que la Chenille n'aurait pas de réserves là, de toute façon, la chenille est en forêt... La Chenille squate la même forêt que ton minou, donc si tu veux avoir des informations dessus, tu peux, mais pas comme ça. La chenille, même si je n'ai pas fait son prédéfini pour le moment (il est sur ma liste) ne vit qu'en forêt. Les autres squatent cet endroit parce que ça se verrait, une armée en forêt...) Bref, il disait des conneries. J'ai resserré le couteau sur sa gorge, cette fois, la pointe de la lame appuyant sur une veine, la carotide, à moins que ce ne soit la pomme d'adam... Je vois trouble quand je suis à sec.

- Me prends pas pour une conne le miaou...

Pause. (Tiens ça c'est redondant dans mes personnages.) J'ai serré les gencives. J'ai serré les points. Je me suis contractée, un peu. D'abord, juste un peu. Et j'ai parlé, encore.

- Tu as snobé ma question ; tu n'as pas de réponse ? Ta vie ne vaut rien.

Ai-je dit en tirant fort sur mes bras. Ce n'est pas mes lames qui ont bougé, mais l'ensemble de mon corps... Bien sûr, la lame s'est appuyée contre sa gorge, un peu... Un peu trop. Un point rouge est apparu sur sa gorge. Je ne voulais pas couper, j'avais juste eu une crise de rage et il était là. Point, je pouvais pas faire autrement. Pas ma faute. De toute façon, tout était de sa faute. J'allais le ramener vivant à la Reine, elle jugerait. Elle jugerait, et elle prononcerait ma sentence préférée : "QU'ON LUI COUPE LA TEEEEETE". Bon, le problème c'était que c'était le mari qui tranchait, mais un jour je lui demanderais l'honneur de couper la tête de quelqu'un... Alice, par exemple... Encore qu'elle préférerait cent fois la tuer d'elle-même... On verrait.

- On va faire une balade.

Ai-je donc dit en appliquant à la lettre ma formidable idée de le ramener à la Reine.

(Je suis pas grosbilleuh! >_>)

- Me prends pas pour une conne le miaou... dit-elle, puis, elle ajouta encore deux phrases, après un moment de silence, comme si ces mots ne suffisaient pas. Tu as snobé ma question ; tu n'as pas de réponse ? Ta vie ne vaut rien.

Ah, la connasse. Elle peut pas être comme les autres junkies? Vous savez, le typique d'être totalement conne, que ce soit défoncée ou non? Bah non, cette fille, elle ne l'était pas. Visiblement, le mensonge n'avait même pas effleuré l'esprit de la demoiselle,Le couteau s'est davantage pressé contre la gorge de l'espion, qui commençait franchement à paniquer, là (pas moyen de faire autrement, cette grognasse est un danger public relâché en pleine nature! Il n'y avait pas d'autre terme pour décrire l'angoisse qu'elle causait.

Voilà que maintenant, elle l'emmenait en "balade" vers la résidence, très certainement, de la Reine, qui s'amusera probablement à lui lancer la fameux et réputé "QU'ON LUI COUPE LA TÊTE!" avec sa voix de jeune grognasse emmerdante trop gâtée. Bon, se dit le chat du Cheshire, il n'est pas question qu'on me coupe la tête. Et en plus, je n'ai même pas besoin qu'on me la tranche pour la séparer de... minute... ah mais oui, le con! Toute personne ayant déjà entendu parlé du Chat ou alors qui l'a simplement vu sait qu'il a une capacité des plus étonnantes; entre les mains de la jeune demoiselle, son corps perd toute consistance et devient vaporeux, d'une vapeur sombre, alors que sa tête se retourne pour heurter celle de la demoiselle, rebondissant comme un ballon gonflé d'hélium. Un rire sardonique accompagna la disparition de la tête ainsi que du célèbre sourire qui ne disparut qu'en dernier. Après un moment de silence, le Chat réapparut à quelques mètres de l'assassin de la Reine de Coeur.

-Maou, fit-il en imitant parfaitement le miaulement d'un chaton (S'pas pour rien qu'il est le Chat du Cheshire)

Il prit une grande inspiration puis il passa sa main à la garde de son arme. Il n'aimait pas nécessairement la violence sadique. Les disputes, oui, les bagarres de bar, eux aussi, mais lorsque le sang coulait, et spécialement lorsque c'était son sang, ce n'était jamais une violence qu'il pouvait apprécier, et cette femme avait l'intention de lui faire la peau, pas de "jouer" à le taper sur la gueule pour prouver sa force brute. C'était un combat d'adresse, un duel, et au terme de ce duel, il allait probablement prendre la fuite comme le lâche qu'il était, mais les mors n'avaient que très rarement une revanche. Thorn était plus forte, plus adroite et plus expérimentée au combat que lui (selon l'expérience accumulée) et surtout beaucoup plus sanguinaire. Son truc, à lui, c'était les poisons et les assassinats propres... ou pas lorsqu'il y avait un message sanglant à faire passer. Cette fille voulait non seulement de la came, mais aussi de la violence.

-J'avoue que je me foutais un peu de ta gueule avec cette histoire de came dans un entrepôt. Vraiment, sous la panique, on invente de très mauvais mensonges, mais... Woh oh! Cacheuh-toi!

Il avait rajouté ces deux dernières exclamations avec son sourire amusé qui signifiait clairement "comment vas-tu t'en sortir?".À l'autre bout du tunnel, une "patrouille" Spades, armée de pistolets (bah, je sais pas, mais moi et l'histoire, ca fait deux, alors, je ne sais pas quelle sorte d'armements à cette époque), faisait sa ronde pour dénicher les non-rebelles clandestins qui pourraient être en train de fouiner dans le coin. Pas le temps de faire des phrases longues pour expliquer que si l'As de Coeur se faisait chopper, il risquait de gros ennuis; la Reine lui reprochera d'avoir causé la perte d'un de ses meilleurs éléments et le fera décapiter, et la Chenille perdrait en crédibilité d'avoir des contacts avec un "espion des Hearts" (alors qu'il est en réalité un espion quadruple, un mercenaire qui avait une certaine préférence pour les histoires entre les Spades et les Hearts. Le Chat sourit alors à l'Addict et se volatilisa.

Les gardes remarquèrent alors la jeune femme et s'élancèrent à ses trousses.

(HRP: je me suis permis pimenter un peu la chose, mais si tu n'aimes pas l'intervention des Spades, je pourrai l'enlever, mais j'ai cru qu'un peu d'action nous permettrait de mieux connaître les réactions de Thorn en cas de poursuite. Mais je n'entend pas finir les choses-là.)

Les "gardes". Des usurpateurs tiens... D'anciens gardiens de la Reine, reconvertis en vulgaires brigands. Ils allaient faire quoi ? Me chopper, me tuer, et perdre ainsi toute leur frauduleuse économie ? Probablement. Soit disant qu'ils élimineraient une tête des Hearts, l'As de Coeur !, mais au fond, ils couleraient. Ils ne s'en rendraient compte que plus tard, trop tard... Premièrement, la Reine les pourchasserait, cette fois à l'aveuglette. Au lieu de viser Alice, elle les viserait tous. Elle anéantirait les Spades, les Clubs, les Diamonds, tout le monde. Et en plus, les survivants des Spades (les éventuels) se retrouveraient ruinés et mourraient de faim. Et le Chat, le Chat... Ce stupide chat... J'ai retenu un soupir.

Bon que faire ? Rester et me les farcir au couteau à cran d'arrêt ? Ou courir ? Ou alors... (Petite vengeance de l'auteur qui apprécie pas que tu manipules son perso pour connaître ses limites alors que tu n'as pas à le faire.) Ou alors... Je suis restée stoïquement à les regarder courir vers nous. Bien sûr, comme je ne bougeais pas, ils sont arrivés vite, et essoufflés. Crétins de traîtres.

- Messieurs. Bonsoir.

Pause pour les laisser respirer.

- Il y a un problème ?

Oh j'étais à peu près sure qu'ils pouvaient me sortir une douzaine d'exemples de problèmes que je leur posais, ou que j'avais pu leur poser... Mais quoi ? C'était le chat qui allait payer, donc autant qu'ils m'accusent de pleiiiiin pleiiiin de trucs et qu'ils "LUI COUPENT LA TÊÊÊTEEEE". Je restais complètement stoïque face à eux. Ils étaient cinq, donc au pire, je me les ferais à la main, au cas où...

Bref je trouvais ça plutôt drôle de me retrouver avec six traîtres de la Reine, dont six que je voulais tuer... C'était marrant... Me manquait plus qu'une aiguille d'héroïne dans le bras gauche, et ça aurait été le pied total. Font chier... Ils pourraient me lâcher un peu, que je me dope ?

HRP: Elle n'a pas été reconnue, mais repérée par une patrouille, et une patrouille a le devoir de patrouiller et ainsi persécuter tous ceux qui s'avancent dans un territoire donné. Et où est-ce que j'ai contrôlé ton perso?... La dernière phrase n'était que pour signaler qu'ils lui auraient couru après si elle avait prit la fuite... autrement, ils s'approchent d'elle à pas de course.

Ah mais non! Mais que faisait-elle? Où était la course poursuite avec les cris, le sang et les crocodiles? Là, sérieusement, Thorn venait de gâcher le plaisir du Chat, et d'aplomb en plus. C'en était presque cruel tant cela différait de l'ambiance tendue et excitante que notre ami avait imaginé. Comment osait-elle ainsi ruiner toute cette situation avec une immobilité parfaite? Bon, remarque, les gardes, ils étaient un peu cons. Tout d'abord, on ne court pas dans les égouts, ca glisse, et juste à voir le bleu qui venait de glisser sur quelque chose qui n'est pas forcé d'être mentionné, on pouvait se dire qu'une "poursuite" se contenterait d'une marche rapide. Le Chat, toujours voilé aux yeux des hommes, regardait les six autres patrouilleurs s'approcher de la demoiselle qui portait encore son foutu capuchon pour masquer son joli minois (oui, elle tape sur les nerfs, mais hé, très joli nez!). Allez, gamine, fit l'espion. Dévoile ton visage et fout leur une peur bleue. Eh bah non. Elle n'en fit rien. Elle s'était contentée de leur souhaiter le bonsoir et de leur demander s'il y avait un problème.

Deux gardes se regardèrent alors puis l'un d'entre eux s'approcha encore un peu, jusqu'à ce que se retrouver devant Thorn. Il regarda la jeune femme avec certain intérêt. Le Chat se mit à jubiler. Vas-y, approche-toi un peu... reconnais-la... supplia-t-il mentalement en "croisant les doigts". Après un moment de silence, le garde se retourna, une lueur horrifiée dans les yeux.

-Non, mademoiselle. Veuillez nous excuser. Nous devons simplement contrôler cette zone.

Ah mais le con! Le lâche! Comment ose-t-il s'appeler un "Spade" s'il ne veut pas mettre la main sur la "célèbre" meurtrière personnelle de la Reine, la sombre Thorn, alors qu'il avait pratiquement le nez collé sur cette femme? Fallait-il qu'on étampe le nom de la demoiselle sur sa gueule pour qu'il remarque qu'elle empestait la mort et le danger et qu'il fallait lui mettre le grappin dessus avant qu'elle ne fasse d'autres ravages? Ah, franchement, ces humains! Que des imbéciles à la pelletée... jura le Chat en continuant d'observer la scène. Il réapparut alors, toujours caché dans l'ombre, dévisageant les six hommes qui s'éloignaient, ramassant leur dernier collège étendu dans la souillure, incapable de se relever seul.

Le Chat réapparut alors en tapant du pied derrière Thorn. Il se pencha alors sur l'oreille de la jeune femme et lui demanda, au travers de la capuche, ce qu'elle comptait faire, maintenant que des gens l'avaient vue. Il y avait de grandes chances que les Spades réagissent, et de très faibles chances que ces imbéciles ne se taisent qu'ils avaient croisé une assassin notoire.

-Tu peux les tuer et te foutre du reste, ou les épargner et vivre avec les conséquences. D'une manière ou d'une autre, moi, je vais bien rigoler, héhéhé.

Il s'éloigna immédiatement Jack est un chieur. Jack aime voir des dilemmes. Jack aime voir des choix difficiles être pris, et Jack veut voir ce que fait une Thorn prête à tuer... quelqu'un d'autre que lui. Eh oui, Jack est un lâche, mais Jack s'assume tel qu'il est, et Jack ne tient pas à se prendre un coup de couteau à cran de cette tueuse.

Vivre avec les conséquences ? Mais de quoi il me parle là ? C'est que j'ai pensé très fort à ce moment là. J'étais trop à jeun pour lire entre les lignes convenablement... Ou alors il n'était pas très très clair... Quoi qu'il en était, je captais pas un mot de ce qu'il disait... Il voulait jouer, il voulait s'amuser, il voulait s'amuser de moi, il voulait rire à mes dépends... J'avais pris l'habitude... Mes frères, mes parents, mes "camarades" de classe, les gens normaux, les autres en général... Il était comme les autres. Ce genre de personnes n'avait jamais été très bon pour moi. Alors je devais faire ce que j'avais toujours fait avec les gens : leur tourner le dos et partir.

Ce que j'ai fait.

J'ai fait comme si je ne l'avais jamais vu. Je suis lentement repartie à mes emplettes. Drogue... Drogue. Drogue ! Ca devenait violent... J'avais besoin de planer un peu... Mêmes les couleurs s'estompaient à jeun... J'étais moins gaie (encore que les gens m'ayant vue shootée à mort pourront dire que je suis bien pire), moins belle, moins cohérente... Comme si je n'étais plus moi-même, comme si mon être n'était plus qu'une machine compliquée à manœuvrer. Une machine sans carburant. Vidée. À sec. Morte. Inutile...

J'ai trouvé mon dealeur préféré (celui de ma signature). Il était cool. Il était pas trop curieux, pas trop cher, pas trop bavard, sérieusement atteint (pour oser me fréquenter tout en sachant que c'est moi, il fallait être sérieusement atteint, non ?), et surtout, il m'aimait bien. Il me connaissait vaguement (au niveau de ma consommation je veux dire), et n'avait (à ma connaissance) pas encore essayé de me rouler dans la farine. Cool j'vous dis.

Comme d'hab, on a parlé utile. Droit au but. Combien (quelle quantité), combien (quel financement). Rapide transaction. Discrète (encore que, c'était "toléré" dans cette zone, donc on aurait pu faire ça avec des banderoles et une fanfare...), honnête (si on peut considérer que vendre de la drogue à une gamine accro soit honnête, en tout cas il ne me baisait pas (dans les deux sens du terme) et moi non plus), bref. Je l'ai salué d'un signe de la main pendant qu'il comptait les billets et je suis repartie... Direction la sortie...

Avant de retourner chez la Reine de Coeur, j'allais me poser sous un arbre à l'ombre et me faire un petit shoot rapide... Ca allait déjà me remettre un peu à niveau... Je n'aurais qu'à forcer un peu plus dans ma chambre au Palais, et j'irais mieux... Hé hé. J'ai donc repris les couloirs sinueux, cherchant une sortie de ce labyrinthe odorant...

La voir partir étonna grandement Jack. Il se serait attendu à une bagarre, quelque chose, n'importe quoi, mais pas à la voir lui tourner le dos comme s'il n'était qu'une merde importune. Une bouffée de rage et d'insatisfaction le parcourut dans toute sa personne et son agressivité grimpa en flèche ainsi que son désir de plonger la tête de cette sale mioche dans de l'huile bouillante comme l'aurait fait Baba Yaga il y a des années de cela. Oui, soit cela ou alors la rouler dans un bidon d'huile puis lui mettre le feu pour la regarder courir dans tous les sens en hurlant à la mort, savourant tous ses cris et ses supplications pour la regarder mourir lentement, dans la fleur de l'âge, juste pour s'amuser à voir le désespoir défigurer ses traits juvéniles de sale petite junkie trop blasée de la vie pour n'y accorder aucune valeur, et surtout pour ne pas vouloir la rendre plus intéressante. Oui, la tuer serait un plaisir sans nom, mais Jack savait qu'il ne voulait pas réellement lui faire de mal. S'amuser, oui, autant qu'il le peut, mais il ne ferait jamais de mal à Thorn... du moins, volontairement. Il aimait bien cette gamine. Elle rendait la partie intéressante et stressante, sans la rendre déplaisante. Ouh là... bien aimer cette fille? Ma parole, je me fais vieux! S'étonna le Chat en se grattant la tête.

Il la suivit alors, tout simplement, mais en lui laissant deux ou trois centaines de mètres d'avance sur lui pour éviter de se faire remarquer. Il aurait pu se volatiliser et rendre la chose plus facile, mais c'était amusant de la suivre et de ne pas se faire voir. Il sentait chez elle l'agressivité et le désespoir; elle voulait sa came, et ce n'était pas un miracle de le ressentir; si elle avait encore plus besoin d'avoir sa précieuse drogue entre les mains, ce désir pourrait être palpable tant il serait présent. L'espion marchait en silence, jusqu'à apercevoir enfin l'homme que la jeune femme recherchait; son dealer. Rien d'intéressant à raconter sur lui, faute de le connaître, et le manque d'informations irrita au plus haut point le Chat, habitué à tout savoir de ce qui se passait dans le Pays des Merveilles. Ahlala... Définitivement, je perds la main! se dit notre pauvre Jack en se passant une main sur le front pour contrôler sa bouffée de rage. Il fallait qu'il se remette sur les rails; il passait beaucoup trop de temps avec la Chenille, il en devenait tristement paresseux, inutile et surtout stone (Faute à l'opium! À mort le pavot!).

Il continua sa poursuite jusqu'à ce que la jeune femme soit enfin seule. Il se dématérialisa, redoubla sa vitesse et ne s'arrêta qu'une fois qu'il se trouva près de la demoiselle, qui se dirigeait vers la sortie (c'est comme à l'épicerie; elle va chercher sa dope et sort sans faire un petit tour pour voir le reste), qui se trouvait à encore quelques minutes de marche. Il regarda le dos de Thorn, sa main resserrée sur son poignard. Il aurait été si facile de le planter dans sa chair pour la mettre immédiatement à mort, mais il retint cette folie meurtrière qui brillait dans son regard et qui faisait vibrer son corps. La folie, dans le monde des morts, c'était pratiquement la seule chose qui était "normale", et qui évitait que tous ceux qui y vivaient ne se poignardent eux-même pour fuir cet enfer. Il se plaça aux cotés de la meurtrière et il la regarda.

-Tu es un mystère, Thorn, déclara-t-il en regardant devant lui. Tu aimes la drogue, et tu sembles te foutre du monde en tant que tel, alors, pourquoi es-tu encore dans ce monde? Qu'est-ce qui te motive? Tout cela me dépasse. Tu n'as même pas tué ces gardes en sachant qu'ils pouvaient te revenir plus tard avec des renforts.

C'était dans sa nature; jouer et désirer comprendre. En fait, s'il n'était un des personnages les plus extravagants de ce monde, il aurait très bien pu devenir un scientifique imminent dans ce monde déchainé. Thorn s'entourait d'un mystère, et pourtant, ce mystère était d'une logique probablement toute simple, mais les suppositions ne valaient pas un aveu. On pouvait supposer qu'un suspect soit un criminel, mais sans les aveux ou sans les preuves, on ne pouvait pas mettre le grappin dessus et le condamner pour ses crimes. Même chose ici; Jack pouvait supposer que cette femme n'était dans ce monde que pour continuer à faire chier ceux qui y vivaient et semer une graine de chaos (il l'aime bien justement pour cela), mais la réalité pouvait être bien différente.

Sale chieur? Non. En fait, plus qu'un chieur, il avait l'air d'un psychopathe rôdant autour d'une petite adolescente qu'il entendait violer dans un coin sombre, mais bon, avoir l'air et être étant deux choses différentes, nous n'allons pas nous éterniser sur l'impression que Jack pouvait bien donner à un oeil extérieur qui vient de commencer le rp pour le plaisir de lire les dernières réponses (parce que oui, il y en a, n'essayez même pas de mentir) qui se mettrait à croire que la situation était bien un viol, et qu'on aurait oublié de le préciser dans le titre, bon.

Le fait est que Thorn n'avait pas répondu à une seule de ses questions, ce qui exacerba l'exaspération, l'irritation et également la colère du chat, qui commençait à en avoir sérieusement marre de se battre avec cette femme. Tout ce qu'il voulait, c'était comprendre, seulement comprendre, pour satisfaire son appétit de connaissance. Comprendre sa manière de penser, comprendre les raisons qui la propulsaient. Oh, bien sûr, la folie pouvait être une cause, mais lui, il ne pouvait pas savoir cela, puisque l'information ne lui a pas été donnée. Plus Thorn s'entourait d'un manteau de secrets et de mystère, plus le Chat s'énervait franchement et avait envie de percer ses défenses, mais là n'était pas le moment. En fait, peut-être même devrait-il l'amadouer pour s'attirer ses faveurs (ne sait-on jamais, peut-être que ca peut marcher... non?) et ainsi la forcer sans trop le démontrer à collaborer avec lui. Il ne savait pas grand chose de la Terre, n'ayant pas de contacts avec le Lapin Blanc, qui est le seul à pouvoir sortir du monde des merveilles, mais le fait est qu'il espérait, en comprenant la nature des humains les plus dérangés, comprendre pourquoi un monde aussi magique que le Pays des Merveilles est devenu un endroit aussi glauque, sombre et désagréable.

Il la laissa donc continuer à avancer, s'arrêtant lui-même pour mieux réfléchir, passant une main nerveuse dans sa barbe... qui donnait la même impression qu'une forêt coupée à blanc dans laquelle on aurait fait repousser quelques arbres, ce qui, en soi, n'était pas vraiment impressionnant. C'était son tic, lorsqu'il réfléchissait. Il se grattait les joues et le menton. Va savoir à quoi cela pouvait bien lui servir, en fait. Enfin, des détails inutiles. Ses réflexions le poussaient à croire que cette fille avait une certaine importance dans les événements à venir, peut-être même qu'elle pourrait devenir, avec un peu d'orientation, la prochaine "Alice", pour plutôt la prochaine "perturbatrice", un des éléments qui pourraient rendre à ce monde la magie dont il était investi autrefois, avec ses champignons géants, ses boissons qui faisaient rétrécir les invités ou les faisait grandir, dépendant des jours. Il regarda à nouveau Thorn et ne put s'empêcher que de dos (et de dos seulement) il arrivait à lui trouver une certaine énergie féminine... et on va mettre cela sur le roulement de ses hanches (heh, c'est peut-être un "Chat", mais il reste un homme!) mais il détourna la tête avant de se faire remarquer et s'attirer un possible coup de couteau à la gueule.

-Ce monde veut changer, Thorn, déclara-t-il à la jeune femme. Ce monde "va" changer. Mais auras-tu un rôle dans ce changement? C'est peut-être un simple pressentiment, mais soit à l'affût; tu vas faire changer des choses, seule ou avec l'aide directe, ou indirecte, d'une bonne centaine d'autres personnes. Je l'ai su pour cette pétasse blonde, et il y a d'autres gens, comme elle, qui vont tout chambouler, ici, mais elle était seule, à l'époque. La seule humaine. Resteras-tu fidèle à la Reine ou deviendras-tu celle qui la tuera avant qu'elle ne te tue sur un coup de tête? Tueras-tu la Chenille ou partageras-tu son opium? Et les deux autres monarques? Que deviendront-ils? Même si cela ne t'enchante pas, essaye d'y songer un peu; le Murderland te plait-il tel qu'il est ou deviendras-tu, comme je l'espère, l'une des personnes qui lui rendront sa beauté d'autrefois?

Car oui, aux yeux de Jack, le Murderland n'avait rien d'autre du Wonderland que ses habitants et son allure, mais l'atmosphère qui s'y trouvait, la tension légère et la folie, avait fait place à un chaos qui avait chamboulé jusqu'à notre ami le matou, et par Lewis Caroll, ce serait merveilleux de retrouver ce monde si bizarre mais si beau qu'il était avant qu'Alice ne change tout par sa fantaisie de petite fille.

Il se gourait. J'étais pas une héroïne, bien que j'en consomme beaucoup - beaucoup trop - , et j'en deviendrais jamais une. Moi, je n'avais pas de convictions, je me shootais. Je me mettais minable, j'arrêtais de penser, et je planais totalement. C'était le pied total. Et je ne pensais pas à sauver le monde... Et... Même si j'avais été une héroïne, je ne pouvais pas aider à détruire le Murderland, car tant que les gens comme moi, les morts prématurés, y seraient, le Murderland ne pourrait pas redevenir le Wonderland... Et je ne voulais pas re-mourir. Jamais... Donc sauf si il avait une solution à ce problème, je ne l'aiderais pas.

Et puis j'avais rien d'un héros.

- Lâche-moi le chat, j'en ai d'autres à fouetter.

Je voulais me doper tranquille... À moins qu'il ne veuille participer ? Auquel cas on rebroussait chemin et on lui payait sa came à lui. Allez, j'étais de bonne humeur, je la lui payais. Je me voyais déjà lui taper sur l'épaule et lui apprendre à se servir d'une seringue et d'un garrot. Et la perspective de faire m'a fait revenir à la réalité. J'avais essayé de l'égorger, et il aurait probablement aimé me faire pareil de son côté. Alors pourquoi vouloir lui filer ma dope ?

J'ai serré les dents.

- Si ça te fait me lâcher...

Que j'ai dit en m'arrêtant de marcher et en lui faisant face. La sortie était un peu devant nous.

- Je ne suis pas Alice, je ne le serais jamais.

Et pour conclure, j'ai finalement lâché un sombre et mystérieux :

- Et tous ceux qui veulent l'aider mourront prématurément.

Je lui ai souri de toutes mes dents.